Dans les cours de créativité à l’école, on nous a appris qu’il faut créer des matrices en croisant des choses improbables… en faisant cet exercice, je me suis dit: que se passe-t-il si on applique la méthode Piotroski aux pays ?
Depuis une dizaine d’années, il existe des trackers (des ETF) qui répliquent les mouvements des bourses de la plupart des pays du monde… Il est donc facile d’investir directement sur les indices des pays.
Les questions sont donc :
- Si on regarde les ratios P/E par pays, peut-on en déduire les meilleurs pays où investir ?
- Les rendements de bourse sont-ils corrélés avec le taux de croissance du pays ?
Autant casser le suspens tout de suite : pour la 2e question, la réponse est malheureusement non. Une très sérieuse étude de « Crédit Suisse », depuis 1900 (!), montre que le lien entre GDP des années passées et retour de la bourse est nul.
GDP ranked by 5- year past growth |
19 countries 1900-2009 |
83 countries 1900-2009* |
83 countries 1972-2009* |
Lowest growth | 10.9 | 14.1 | 25.1 |
Lower growth | 9.3 | 11.7 | 18.6 |
Middling growth | 10.1 | 10.6 | 16.2 |
Higher growth | 7.8 | 9.0 | 11.9 |
Highest growth | 11.1 | 13.1 | 18.4 |
Certes, le calcul est peut-être un peu faussé par le fait qu’on mélange des chèvres et des choux : un pays développé à 4% de croissance fait un bon score, ce qui peut booster sa bourse. A l’inverse, si la croissance chinoise tombait à 4%, son marché s’écroulerait..
La conclusion est que l’espérance de croissance est déjà intégrée dans les cours. Pas d’investissement miracle
Par contre, et c’est plus intéressant (page 17), si par exemple on classait les résultats de bourse 2011, selon la croissance en 2011.. là il y a corrélation.. Détenir une estimation juste du taux de croissance d’un pays, est donc un indicateur fiable pour prédire une hausse de ses cours. Ouf ! Mais cela remplace juste une divination par une autre…
Vous pouvez lire l’étude complète en ligne sur le site du crédit suisse [https://emagazine.credit-suisse.com/app/_customtags/download_tracker.cfm?logged=true&dom=emagazine.credit-suisse.com&doc=/data/_product_documents/_shop/276532/credit_suisse_global_investment_yearbook_2010.pdf], elle n’y est plus, donc voici un lien : credit_suisse_global_investment_yearbook_2010. Il y est aussi question des rendements par pays depuis 1900, la France y fait pale figure avec un 3.1% annualisé, du en grande partie à la mauvaise 1e moitié de 20ie siècle. Sans surprise, Canada et Australie mènent le bal..
Cette étude est complétée par une analyse sur les 20 dernières années : il y a même plutôt un lien négatif entre croissance GDP et bourse
Revenons à notre premier point : Piotroski ?
Dans l’étude de Neuberger Berman (lien ci-dessus), on voit que si le Brésil et l’Indonésie ont surperformé les émergents sur la période 2003-2009, c’est surtout parce que leur ratio P/E a augmenté…. On ne voit encore aucun lien entre profits en bourse et P/E.
Bien sur, pour invalider Piotroski, il faudrait disposer du ratio P/B, et non P/E. Mais nous ne l’avons pas par pays. Nous pourrions l’imaginer vaguement à partir des taux d’endettements des entreprises.
Dans la 2e partie de cet article, nous analyserons les liens entre les ratios P/E, et les évolutions d’indice