Ce matin, stupeur en lisant le cyber-journal : Free bloque la publicité sur sa Freebox révolution. Par défaut, sans rien demander à l’utilisateur.
Les freemaniaques vont dire : super, Free défend le consommateur, réduit la bande passante perdue et nettoie l’internet. Tu parles ! Ça c’est l’image marketing de Free qu’ils veulent se donner.
En réalité, cette affaire remonte à un sourd désaccord qui traîne depuis des années entre Free et les fournisseurs de contenu, Google en particulier via son service de vidéos Youtube.
Lorsque le trafic des vidéos augmente, comme c’est le cas ces dernières années, il faut augmenter la taille des « tuyaux de l’internet » qui relient les opérateurs aux fournisseurs de contenu. Sans rentrer dans les détails, cela veut dire que ce sont les opérateurs (Free, Orange, SFR, Bouygues) qui doivent investir dans de la bande passante (tirer des nouvelles câbles ou fibres), alors qu’ils n’en tirent aucun profit.
C’est Google qui fait le travail
Seulement voilà, Free ne l’entend pas de cette oreille. Sous couvert de protéger le consommateur, ils veulent surtout gagner de l’argent. C’est à dire investir le moins possible dans leur réseau, et en même temps demander à Google de participer financièrement à l’augmentation des « tuyaux ».
De prime abord, ça semble normal : Google gagne de l’argent avec le contenu via les pubs. Sauf que :
- Si Google fait d’immenses bénéfices, ce n’est pas grâce à la pub qu’ils mettent sur leurs contenus, mais bien grâce aux pubs que tous les webmasters du monde mettent sur leur propre site. C’est à dire que 60 ou 80% des pubs affichées dans le monde vont être des adsense. Or, si Google a bien des coûts de fonctionnement pour afficher de la vidéo, la stocker, la retailler, créer ses services gratuits… il n’a aucun frais sur les sites qu’il n’héberge pas. Ainsi lorsque le journal Le Monde met de la pub sur son site, l’hébergement et la production lui coûte 10, la pub lui rapporte 10 : opération blanche, ça paye juste ses salariés. Par contre Google empoche 3 de commissions. Pour des frais dérisoires (transmettre une toute petite bannière).
- Le vrai métier de Google, ce qui rapporte 90% de son argent, ce n’est pas le moteur de recherche. C’est bien la commission sur les pubs affichées sur les autres sites.
- Pourquoi Free devrait gagner de l’argent à la place de Google, pour un service rendu par Google ? S’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à monter leur réseau concurrent de publicité !
Communisme ou capitalisme
Deux modèles économiques s’affrontent pour les opérateurs internet :
- Pour les capitalistes américains, l’opérateur est juste un tuyau. Comme il ne peut pas se rémunérer sur le contenu, il fait payer les utilisateurs par rapport au contenu consommé : c’est logique. Ainsi, les forfaits sont limités à 10, 20, 100 gigas par mois, avec des frais de dépassement. Plus les utilisateurs consomment de vidéos, plus leur facture grimpe, plus ils rapportent à Google, plus l’opérateur a d’argent à investir dans ses « tuyaux » : tout le monde est content
- Pour les communistes français, l’opérateur est investi d’une mission sociale : fournir un service au même prix pour tous. Il est impossible de faire payer les gros consommateurs, il faut donc faire payer Google
Après tout, pourquoi y’aurait-il de l’illimité sur internet et pas ailleurs ? Lorsque vous faites le plein de votre voiture, vous ne payez pas 30 ou 50 euros pas mois pour des pleins à l’infini. C’est proportionnel à la consommation. Pourquoi ce serait différent pour internet ?
Pourquoi Free s’entête
La raison est simple : la base d’abonnés historique de Free, ce sont ses clients Geek qui voulaient plus de débit pour télécharger des jeux et des films. Free ne peut pas taper sur ces utilisateurs, qui lui ont permis pendant des années de gagner de l’argent au détriment des producteurs de contenus dont les films étaient piratés à gogo.
La vraie consommation d’internet est grosso modo répartie ainsi (cf. étude IDATE):
- 47% de vidéos dont la répartition est environ : 25 d’usages illégaux P2P et Streaming – 17 de services gratuits (Youtube etc.) – 5 de services légaux (TV de rattrapage et VOD)
- 50% de web (images, textes) dont environ 3 sont de la pub et 47 du contenu. Sur les 47 de contenu, 24 sont des robots de moteurs de recherche ou de surveillance
- 3% pour l’email et le FTP
Si Free voulait vraiment réduire sa bande passante totale, ils agiraient d’abord contre le piratage, pour la compression des images, ou contre les robots de spam. Ils veulent donc le beurre de paraître communiste et faire payer tout le monde pareil, et l’argent du beurre de ne pas investir pour augmenter leurs « tuyaux » vers Youtube.
Les modèles alternatifs
Ne voulant surtout pas se convertir au méchant capitalisme, qu’ils appliquent pourtant envers Google, les opérateurs français se sont lancés dans une « course au contenu » afin de gagner de l’argent aussi lorsque leur trafic augmente.
C’est comme cela que la France est devenue no 1 mondiale de la TV sur IP : le phénomène des « box opérateurs qui proposent de la vidéo » n’existe qu’en France. Comme par hasard, lorsque la vidéo passe par leur portail de box et leur rapporte de l’argent, Free veut bien investir.
- SFR, lié à Vivendi et aux studios de cinéma
- Bouygues, lié à TF1 et à son service wat.tv, grand groupe de média
- Orange pousse depuis des années dans la même direction avec des rachats de boites créant des applications, leur bouquet de chaîne télé (fiasco), …
- Free est un peu retard dans ce mouvement malgré leur portail VOD sur leur box.
Bref, alors qu’ils prétendent libérer internet mobile avec leurs forfaits, certes moins limités que les autres, Free en fait est autant liberticide que les autres, voire plus.
- Free ne respecte pas le modèle économique de l’internet en coupant des pubs sans prévenir
- Free ne respecte pas la neutralité de l’internet, en désavantageant les vidéos par rapport aux autres contenus
- Free préfère soutenir les pirates plutôt que les créateurs de contenus. Or les vraies victimes de ce combat ce sont avant tout beaucoup de petits ou grand auteurs de vidéos et de sites Web qui vivent de leurs pubs : on pense à Korben, Rémi Gaillard, etc. Les multinationales elles ne seront pas vraiment affectées par ce bras de fer.
- Certes il est louable d’avoir résisté à Hadopi et pas collaboré avec l’état, car les majors veulent s’en mettre plein les poches sans avoir été capables de réaliser des plateformes VOD correctes et à prix décent. Mais il y a une limite
Google a raison. Free est communiste. Au lieu de leur soi disant défense du pouvoir d’achat, il faudrait que les 90% d’utilisateurs « avisés » de l’internet sachent qu’ils payent 30 euros par mois au lieu de 15 pour payer la surconsommation d’une minorité de téléchargeurs insensés.
Voici ma reponse a free, un bout de code a placer sur son site. celui ci bloque le contenu du site si le freenaute utilise adblock et l’incite via un lien a le désactiver ( tuto rapide dispo). partagez le code amis webmaster http://da1.fr
Monsieur, vous dites :
« Free préfère soutenir les pirates plutôt que les créateurs de contenus. Or les vraies victimes de ce combat ce sont avant tout beaucoup de petits ou grand auteurs de vidéos et de sites Web qui vivent de leurs pubs : on pense à Korben, Rémi Gaillard, etc. »
Rémi Gaillard est certes un créateur de contenu qui a explosé sur la toile (voici pour la partie talent), mais c’est aussi un grand « pirate » des musiques qu’il utilise dans ses vidéos, vidéos qu’il diffuse à très grande échelle et musique qu’il est bien incapable de payer depuis le début. Le personnage ne s’en cache pas d’ailleurs… Il explique aussi très bien pourquoi le succès ne lui a pas fait changer son mode de fonctionnement par rapport à la musique : les parodies loufoques précisément montées sur des musiques ultra-célèbres et connotées, c’est la quintessence de son concept (et s’il devient question d’argent, alors on serait tenté d’appeler cela « son fonds de commerce », non ?). Quand à Korben, à le lire de temps en temps, je n’ai pas l’impression qu’il soit de ceux souhaiteraient ni la disparition des « pirates » ni même qu’un opérateur comme Free se lance dans une lutte redoutable contre eux (eux qui ? producteurs et/ou consommateurs ?).
Monsieur, je ne porte aucun jugement sur votre article qui ne m’a semblé dénué de raison et-que-c’est-bien-pour-ça-que-j’lai-lu-jusqu’au-bout… Mais ces deux exemples, au bout, me semble très mal choisis.
Cordialement,
Je ne partage pas votre passion du marketing, alors…
C’est dommage vous n’avez pas compris le sens de l’article. Mettez déjà une vraie adresse email au lieu de vouloir rester anonyme.
D’après votre IP, vous êtes sur la plateforme de Lille et utilisez Free, c’est donc malvenu de vous poser en défenseur des « vrais » créateurs de contenus.
Quand à mes exemples, ils sont JUSTEMENT choisis exprès pour montrer que les 1ers à souffrir des bêtises de Free, ce sont les nouveaux talents de l’internet, qui sont par ailleurs et en général assez laxistes vis-à-vis du piratage. Le but était donc de montrer que Free touche dans les rangs de pro-piraterie.
J’aime bien les phrases bidons « je ne porte aucun jugement, mais je juge quand même que c’est nul »… Ayez au moins le courage de vos opinions ! Au lieu de professer ce relativisme ambiant, qui vous pousse à juger tout en disant que vous ne le faites pas.
Au fait au cas où vous ne l’auriez pas vu, le thème du site est l’économie d’argent et les placements, et n’a rien à voir avec le marketing, qui ne me passionne pas.
« Free bloque adsense: communisme » bravo, vous êtes en plein dans l’amalgame et les formules rapides.
Je suis abonné free et alors ? Je ne suis pas marié avec.
La situation de google par rapport à free c’est un peu comme si quand vous vous déplacez en voiture (free), on vous imposait un passager (google) qui voyagerait à vos frais.
Vous êtes naïfs ou incompétand en langages du net ou les deux. Lisez donc avec un simple blocnote une page retournée par google vous verrez que 90% du code est crypté et ne sert une fois décrypté qu’à pister le visiteur et a transmettre via des requetes http ses faits et gestes.
Quand on joue les chevaliers blancs, il vaut mieux ne pas se tromper d’ennemi !
Mais je n’ai jamais prétendu que Google faisait mieux que Free en matière de respect de la liberté ! Google ne voyage au frais de personne, il génère du trafic mais bien moins que Netflix ou d’autres, comme je l’ai montré dans l’article; c’est pourquoi Free est faux-cul.
Quant au code source des pages Google, s’il leur fallait 90% du code pour tracer un utilisateur, il ne seraient vraiment pas optimisés. Ne croyez pas ce mythe, je connais bien le javascript/HTML5 et 70 à 90% du code Google sert aux fonctionnalités. Exemple précis
La home de Google.fr comprend environ 105 000 caractères hors images.
Le script de Google Analytics est dispo ici : http://google-analytics.com/ga.js
Et il pèse 37303 caractères. Ça fait pas 90% de 105 000 😉 D’ailleurs rien que la partie CSS de la home page fait 47k… Bref, quand on a pas de chiffre précis, il ne faut pas en balancer au hasard.
Quant à accuser Google de chiffrer son code, ça c’est fort de café ! car vu la part du trafic mondial qu’ils représentent, ça serait bien pire de ne rien optimiser et d’avoir des pages 3x plus grosses.. Pour le coup, ça donnerait une vraie raison aux FAI de se plaindre.
Moi qui ai l’un de mes sites qui est monétisé uniquement avec adsense, ça me fait un peu peur. J’espère que cela ne va pas se ressentir trop sur les résultats.
J’imagine que google trouvera la parade 😉
Salutations
Heureusement Free a depuis mis ce blocage des pubs Google en option et non plus par défaut.