Récemment, habitant à Nantes, j’ai eu la surprise d’entendre mes collègues me dire que Nantes avait été « élu » ville la plus embouteillée de France. Bien sur, c’est tout ce que les gens ont retenu. L’information est passée aux infos, mais comme d’habitude, les médias ne font pas leur boulot.
Non, car la vraie information, ce serait s’intéresser à la méthode utilisée dans cette étude, en prouvant qu’elle ne vaut pas un kopek.
[the_ad id= »2305″]
Circulation à Nantes
Loi de moi l’idée de dire qu’on circule bien dans le centre de Nantes. C’est effectivement une horreur, et la raison numéro un c’est le tram : à cause de cette saleté de tram, des carrefours entiers sont bloqués toutes les 3mn pour laisser passer les trams. On se retrouve à des endroits où les feux sont rouges les 3/4 du temps, ou les rond-points bloqués une minute sur 3….
Mais ce qui est terrible avec internet, c’est que la non-qualité se propage à une vitesse folle. Tout le monde a copié collé des textes de l’AFP sur cette étude. TF1 en a semble-t-il parlé dans son journal (surement avec plusieurs jours de retard sur le web, comme d’habitude). Mais aucun n’est remonté à la source de l’étude.
Même moi, je n’ai pas retrouvé cette étude.
Cependant, j’ai trouvé une info intéressante sur un des sites : comment est donc calculé le « pourcentage » d’embouteillage de chaque ville ?
- Est ce le pourcentage de temps perdu en moyenne par rapport à un trajet sans embouteillage ?
- Est ce une mesure du pourcentage de routes embouteillées ? si oui, sur quelle période de temps ? est ce pondéré par le trafic de chaque rue ?
- Comment sont décomptés les feux-rouges ?
En l’absence de ces infos, on ne peut rien tirer du tout de l’étude. Parce que, si par exemple les heures de la nuit comptaient autant que celles du jours, un taux d’embouteillage de 10% serait déjà bien trop haut. Or on nous parle de 42 %
« On considère que les axes de chaque ville intra-muros sont congestionnés à partir du moment où la vitesse des véhicules est inférieure à 70% de la limite de vitesse autorisée » explique la société. « Nous obtenons ainsi les pourcentages des axes les plus embouteillés pour chacune des villes sélectionnées. Ces données permettent donc de comparer, sur une même échelle, l’ensemble des villes françaises de plus de 100.000 habitants avec une richesse statistique inégalée »
Comment TomTom a calculé
En termes clairs : TomTom a recueilli toutes les données des véhicules équipés. Déjà, on peut imaginer que les gens ont plus tendance à allumer leur TomTom quand elles ne connaissent pas le chemin. Elles vont donc passer par les mêmes routes que tout le monde au mauvais moment, et choper plus de bouchons. Celui qui fait le même trajet tous les jours pour aller travailler, allume rarement TomTom. Sauf pour trouver un autre itinéraire en cas de bouchon.. CQFD…
Outre ce biais, qui touche plus ou moins chaque ville, la méthode est débile : TomTom nous dit que il calcule un pourcentage des routes où les gens roulent à moins de 35 kmh (en gros, car en ville la limite est souvent 50). Comment tient-il compte du facteur temps ? Si une route est embouteillée de 8h à 9h, et rien du tout le reste de la journée, elle compte pour combien d’embouteillage ? 1/24? 1 entier?
Pour obtenir 42%, il faut forcément que le calcul soit pourri. Même le périphérique parisien n’est pas embouteillé 42% du temps, notamment entre 21h et 6h du matin, et en début d’après midi .. Même en tenant compte du fait qu’il y a moins de trafic aux heures creuses, ce chiffre est aberrant.
Si par contre TomTom a compté « si la rue est embouteillée une minute par jour, elle compte pour embouteillée tout le temps », c’est débile. Le classement mettra alors en tête la ville ou les bouchons sont le plus aléatoire, dans des rues diverses. Les villes où d’horribles bouchons arrivent toujours sur les grandes routes (où il y a tout le monde) seront bien classées. Comme Paris.
De plus, comment sont pondérées les différentes rues ? par leur trafic ? ou chacune est égale ? on ne sait pas…
Le seul calcul valable d’embouteillage est celui fourni par Sytadin : il calcule le temps de trajet moyen de chaque véhicule, par rapport au temps sans bouchon. On obtient un ratio toujours supérieur à 1. En général, à 1.6, la moitié de Paris est en bouchons et c’est l’apocalypse.
C’est la seule chose qui intéresse les conducteurs : Combien de temps sera perdu. Car, il est possible que 42% des routes de la ville soient embouteillées.. mais si ce sont les routes où il n’y a pas grande monde ? ou si on roule sur ces routes en moyenne à 34.9kmh… et bien les chiffres de TomTom ne veulent rien dire..
Utiliser les milliards de données de leur base pour pondre un rapport aussi merdique est une honte. Honte à TomTom.
J’ai vécu à Paris et je peux certifier sur l’honneur que Paris est bien plus embouteillé que Nantes. Le périphérique de Paris était souvent embouteillé à 1.5, soit 45mn pour faire un trajet normal de 30mn.
Je prends aussi le périph de Nantes, et franchement le ratio dépasse rarement 1.2
Dites non à ces informations qui n’en sont pas.
Edit : http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Bouchons-nantais-le-classement-fait-causer-_-1582838——44109-aud_actu.Htm
La mairie de Nantes s’entête dans son plan anti voiture, se contentant de remarque que les zones à 30 ne sont pas connues par le GPS. Certes, le fait que les villes de banlieue ne comptent pas dans l’étude est stupide. D’ailleurs, même si elles comptaient, un rapide calcul montre qu’une ville n’ayant que des routes à 90 où on roule à 50, sera considérée comme plus embouteillée qu’une autre avec des routes à 50 où l’on roule à 45…
La mairie annonce qu’elle veut encore augmenter les zones à 30… ils n’ont rien compris…