Le chiffre d’affaires de Google n’en finit pas de grossir.. 89 milliards de dollars en 2016, pour une grand part liée aux activités de publicité sur son moteur de recherche. Forcément, cela signifie qu’une part de marché de 1% de la « recherche publicitaire » gagnée sur Google, pourrait rapporter un milliards à un concurrent.
Il y a bien sur d’autres régies publicitaires : Le Monde et Le Figaro viennent de s’associer en juillet 2017 pour créer leur régie publicitaire commune, dénommée Skyline, et vendre par eux-mêmes leurs espaces publicitaires, au lieu d’utiliser Adsense de Google. Tout cela reste compliqué : en effet, par ses données sur les recherches des gens, et par son navigateur Chrome (qui envoie toutes vos demandes de site internet, même tapée directement, aux serveurs de Google), Google connaît tout votre parcours. Cela lui permet d’avoir des données plus fiables sur vos préférences, de mieux cibler les publicités, et donc de rapporter plus d’argent. Mais le sujet est crucial pour les médias : ils ne peuvent plus dépendre de groupes étrangers, dont le mécanisme d’enchères publicitaires est opaque et ne leur permet pas de modéliser leur stratégie publicitaire de façon pérenne. Le sujet est à la mode, car d’autres grands journaux français ont fondé une alliance publicitaire concurrente, nommée Gravity.
Ce décor étant planté, on comprend que la publicité reste un des piliers de l’internet : quoi de plus naturel donc qu’une crypto-monnaie souhaite se spécialiser dans la publicité ?
[the_ad id= »2305″]
Que penser de AdEx ?
L’un de ces nouveaux acteurs de crypto-monnaie « pour la publicité de nomme AdEx. Sa levée de fonds virtuelle (« ICO ») a eu lieu en juin-juillet 2017. Le problème avec Adex, c’est que ni leur site, ni leur documentation technique, n’explique clairement comment leur système va fonctionner. Son nom veut dire » A decentralized Ad Exchange : donc une place de marché (ou bourse) décentralisée pour les publicités. Déjà, nous avons du mal à comprendre chez rentables.fr en quoi la décentralisation est intéressante pour une bourse aux publicités : pour un univers de confiance (type notaires, échanges de biens contre de l’argent comme le bon coin, etc), l’intérêt de la crypto monnaie est d’avoir des transactions immédiates, infalsifiables, et irréversibles : mais la publicité est un marché en grande partie B2B – avec certes une grande de petits e-commerçants, mais ils achètent en grande partie leur audience à Facebook et Google : des boites sérieuses, non ?
Il va donc falloir nous expliquer l’intérêt de l’AdEx. Tout ce qu’on trouve sur leur site, c’est que les jetons (« tokens ») AdEx serviront aux « acheteurs » de publicité à .. acheter de la publicité, et les offreurs d’espace seront rémunérés une fois l’affichage vérifié. Il s’agit alors d’un réseau de type « ad server » qui affiche les publicités, plus que d’une bourse : mais peut-être le système va t-il gérer les deux aspects ? ce n’est pas très claire.
Troisième point d’information donnée par AdEx, ils parlent d’un « profil AdEx » dans lequel les utilisateurs de leur réseau vont donner volontairement des informations, permettant d’avoir des publicités plus ciblées..
AdEx est risqué
AdEx parle d’une première version de leur produit en 2018, avec peu ou pas d’étape intermédiaire pour vérifier leur avancement : leur produit reste donc très flou. D’autres projets ont lancé leur token bien avant AdEx, et il semble en lisant le « whitepaper » que cela ne soit qu’un plagiat de copiés collés de ces concurrents : BAT (basicattentiontoken.org), adChain (adtoken.com), et Qchain (qchain.co). Ce document faisait un maximum de copié-collé. Ce qui est troublant, c’est que AdEx a annoncé sa levée de fonds en juin, dans mois d’un mois, prenant de vitesse ses 3 concurrents, qui avaient fait des annonces en mai 2017, pour des lancements dans les mois suivants. Sans parler de discussions forum supprimées par la direction de AdEx, avant de recréer un nouveau fil modéré par eux.
Pourtant, au niveau « financier », tout roule : le token, apparu à 0,28$ début juillet,, vaut fin octobre 0,93$. Comme quoi les bulls mettent longtemps à exploser : l’explosion aura sûrement lieu lorsque la qualité du produit ne sera pas au rendez-vous, .. en 2018.
La réalité semble que AdEx, en réalité, sera utilisé en premier (et peut-être uniquement) par un autre projet de ses fondateurs : la plateforme « Stremio », téléchargée par 4 millions de personnes, qui
Le plus flippant, c’est que AdEx pose dans son documents de bonnes questions, et apporte des réponses pourries. Exemple : les adblockers, « Problem # 6 » : En gros la réponse de AdEx, c’est « parce que les gens fournissent eux-mêmes des infos, ils auront des super pubs, et du coup ils ne nous bloqueront pas ». Quelle naïveté de croire que Google connaît moins bien un utilisateur que lui-même.. il sait toutes vos envies, même celles que vous ne voulez pas exprimer, ou dont vous n’avez pas conscience. Surtout, quelle réponse stupide : les adblockers fonctionnent avec des whitelists : les utilisateurs ne vont pas spécialement « débloquer » la régie AdEx. Enfin, pour une bourse décentralisée, on s’attend à une réponse technique ou fonctionnelle, pas du blabla. Par exemple, une réponse possible et intelligente serait : nous allons faire servir les pubs.. par les ordinateurs de la communauté des utilisateurs de AdEx.. du coup, depuis des adresses IP différentes, et elles seront « inblocables ».
En parcourant le document, on voit aussi qu(un 2e token « ADXT » pourra être rajouté.. ce qui implique une « dilution » de valeur pour les investisseurs… autre arnaque. Et comme dans beaucoup d’ICO, presque 20% des tokens sont réservés aux fondateurs.. 3 millions de $ au lancement, et plutôt une bonne douzaine maintenant.. de quoi travailler des années avec une équipe de 30 personnes… plus que confortable pour une levée de fonds pour une société qui n’a encore rien fait du tout d’autre qu’un document !
Les autres acteurs
Basic Attention Token (BAT) est cofondé par Brendan Eich, l’inventeur du Javascript : une vraie pointure. Le concept tourne là autour du navigateur « sans pub » nommé Brave : c’est là qu’est l’idée maligne : au lieu de tracer uniquement des clics ou non-clics, le navigateur va suivre le comportement, le temps passé sur une page, … et donc payer plus précisément pour l’engagement généré par les publicités. Le modèle mérite d’être analysé complètement, il a sûrement des défauts, mais il inspire la confiance.
AdToken, lui, a un but plus modeste et réaliste : « classer » les publicitaires selon leur qualité, afin d’exclure ceux qui ne sont pas vertueux.Les robots, les mauvaises publicités, lesfraudes.. grâce aux votes des utilisateurs, tout cela est censé disparaître. Mais cela suppose que les fondateurs de AdChain arrivent à « vendre » leur système à Google et consorts, et que leur liste de « qualité » devienne une référence. Risqué.
Quant à Qchain, il n’est pas encore lancé. Le concept reste plus flou, et plus centré sur l’Asie, avec l’utilisation aussi de la blockchain Nem.