Durant l’année 2012, le journal La Tribune a publié un article intéressant sur deux méthodes de relance de l’économie :
Ces deux idées prennent le contrepied des mécanismes de rigueurs FMIiques qui ont montré leur nullité, c’est pas bête. Étudions les en détail
Le « report » de l’impôt sur le revenu
Les idées de cet économiste, Guy Abeille, visent à relancer l’économie française et européenne sans créer de dette. Sa 1ère idée revient simplement à ce que l’état « prête » de l’argent aux contribuables : ce mécanisme qu’il a appelé « REPIT » est fort bien décrit dans l’article, l’état par exemple fait un report d’impôts en année N de 30% du total de l’IR (18 milliards), et il demande ensuite aux contribuables de le rembourser avec intérêts, échelonné sur les années N+1 à N+5.
Donc si l’état emprunte à 3% sur 5 ans, il facture cette « facilité de caisse » aussi à 3% aux contribuables.
L’oubli de ce M. Abeille c’est que ce sont principalement les classes moyennes qui paient l’IR (les tranches de 45e à 95e centile de revenus), donc les pauvres n’en bénéficient pas (pour une fois que c’est le cas, ne nous en plaignons pas). Lui pense que les montants sont assez faibles pour ne pas être épargnés. Rien ne le garantit : ce risque existe vraiment.
Dans tous les cas, il y a un gagnant : les banques. Ce mécanisme leur versera 1,45 milliards d’intérêts au total : joli cadeau qui représente mathématiquement 7,5% du montant « reporté » (3% pendant 5 ans ==> 3×5/2 % d’intérêts au total, grosso modo selon la formule approximative).
Pour l’état c’est cool aussi, car même s’il y a épargne, il y aura (hors livret A, hors course vu la faiblesse de son taux), des impôts sur les intérêts de cette épargne, et aussi TVA sur la consommation additionnelle.
Quant aux particuliers, ça revient à les forcer à consommer +; ça n’est intéressant au niveau macro économique que si cet argent additionnel déversé dans l’économie permet d’avoir un surplus de croissance supérieur aux 1,45 milliards de coût de l’opération.
En plus, même si la phase de remboursement est échelonnée sur 5 ans, nous avons bien peur qu’il y ait exactement l’effet inverse pendant cette phase, sauf si évidemment cette mesure a bien relancé l’économie et que du coup dans 5 ans les ménages tapent dans leur épargne pour rembourser ce crédit, au lieu de diminuer leur consommation.
Au final, cette relance devrait être modestement profitable pour la France, mais dans un volume incertain. Pourquoi pas
Le MIEL, une hypothèque cachée
La 2e idée de M. Abeille est de tirer partie de l’immobilier qui dort : « L’idée est de relâcher dans le circuit économique une fraction de cet immense capital immobilisé ». En fait, c’est une hypothèque partielle qui ne dit pas son nom et l’idée serait qu’un proprio vende en hypothèque 5% de sa maison, mais en continuant d’avoir 100% de l’usufruit et 100% des dépenses. Lors de la vente réelle de la maison, l’acheteur des 5% récupérerait son pourcentage avec une éventuelle plus-value. A la prochaine revente du bien, cette part serait restituée à l’acheteur, à sa nouvelle valeur de marché. Soit, une sorte de « titrisation » de l’immobilier des particuliers. L’originalité de cette idée est que ce seraient directement les banques centrales qui seraient acheteurs forcés, donc ça revient à faire tourner la planche à billet en échange de cette hypothèque.
Là encore, l’idée est bien décrite concrètement dans l’article avec comment et où noter qu’un bien a été partiellement hypothéqué, l’intervention du notaire, etc.. L’auteur signale qu’avec une durée de 18 mois de ce « MIEL », on pourrait espérer que 3% des propriétaires, soit environ 600 000 foyers, profitent du dispositif; Ils récupéreraient alors chacun en moyenne 15 000 euros, soit un montant total de l’ordre de 9 milliards. Un montant rappelons le qui viendrait gonfler la balance de la BCE : ça générerait forcément de l’inflation. M. Abeille nous dit en substance que « oui mais l’argent sera détruit lors de la transaction de revente du bien, donc ça ne gonflera rien »
» Et me borne à faire observer qu’à côté des Quantitative Easing et Credit Easing pratiqués par les temps qui courent, l’Householders Easing demeurerait d’une ampleur a priori modeste (sauf succès fulgurant…), pour ne pas dire mineure. »
Sauf que l’erreur de l’auteur c’est que si la planche à billet de la FED n’a pas conduit à l’inflation, c’est que l’argent des QE et autres prêts de la BCE aux banques est resté virtuel : seule une faible partie de cet argent est partie dans le circuit réel via des prêts. Une majorité a servi à renforcer les fonds propres des banques (critères de Bâle 3), ou à « solidifier » des actifs pourris comme des prêts immobiliers putrides et autres objets financiers à risques.
Or avec le « MIEL », l’argent sera donné à des particuliers ; il sert à une relance de solvabilité, car les ménages n’ont plus d’argent et vont donc le dépenser, et non à de la liquidité ou « fonds de roulement », qui était le problème des banques. Pour qu’il soit efficace, il faut qu’il soit dépensé, et donc qu’il crée de l’inflation. L’inflation n’étant pas autre chose qu’une masse monétaire gonflant plus vite que la hausse de travail.
Ce genre de théorie de « relance Keynesienne » par la dépense risque donc fort d’être néfaste, car ce qu’il faut relancer avant tout c’est le travail, et non la consommation, qui ne peut être relancée que « bullesquement » s’il s’agit d’un mécanisme transitoire durant quelques années.
Surtout qu’ensuite l’auteur nous dit : les risque de pertes pour la BCE ? ils sont au pire 5 ou 7 milliards donc pas grand chose..peut être mais dans ce cas ça veut dire que la liquidité débloquée est d’à peine 10-15 milliards en France et 50 en Europe
Donc ce keynes-isme, parent du socialisme, nous semble dangereux, car :
- Soit la relance est faible car le montant des risques pris par la BCE est faible.
- Soit on veut que la relance soit efficace, ça voudra dire que le bilan de la BCE et son risque de pertes sera élevé.
- Et de plus, encore une fois il n’y a aucune raison que lors de la revente des biens, les 5% manquants ne soient pas puisés dans l’épargne ou dans du crédit immobilier, réduisant d’autant le revenu disponible du ménage après son 2e achat
L’immobilier est un cancer
L’idée de base de M. Abeille est bonne : le patrimoine immobilier est une connerie. D’ailleurs l’article semble dire que la France possède un quart de l’immobilier européen en valeur, ça semble délirant et beaucoup trop lorsque nous avons 14% de la population.
La réalité, c’est que l’immobilier ne produit rien. Il est actuellement en bulle, car les français sont trouillards et n’osent pas mettre leur argent ailleurs. Le patrimoine français total des ménages est de l’ordre de 10 000 milliards, 70% dans de l’improductif au lieu d’investir dans des PME, des actions ou autres, c’est beaucoup trop, mais ce sera l’objet d’un prochain article.
Alors quitte à faire mal au lobby immobilier qui s’en met plein les poches (agences immobilières, notaires, constructeurs de maison et vendeurs de terrains, industrie de la maison …), disons qu’il FAUT faire baisser les prix de l’immobilier en France. Ça sera autant d’argent disponible en plus pour tout le monde. Et à part pour celui qui a investi sa fortune dans 10 maisons et compte dessus pour financer sa retraite (mais il a bien profité du +100% depuis 10 ans donc il peut bien avoir une baisse maintenant), ça ne fera perdre d’argent à personne : en effet certes vous vendrez votre maison 2x – cher qu’avant, mais vous en achèterez une autre 2x- cher aussi, donc vous garderez le même pouvoir d’achat de résidence principale.
Par contre, tout ces milliards au lieu d’être immobilisés dans de l’immobilier, seront investis dans de l’économie réelle, productive.
L’effet de la baisse des prix
Imaginons simplement qu’en moyenne, un 30ème du patrimoine immobilier change de main chaque année. Soit 300 milliards.
Ou par un autre calcul : il y a eu 783 000 transactions dans l’ancien en 2011, environ 100 000 opérations en loi Scellier et 100 000 maisons neuves, on est à peu près au million au total. A un prix moyen de 250K€, cela totalise 250 milliards d’euros échangés.
Bref, et bien si cette année les prix baissaient de 10%, cela ferait 25 milliards, oui 25, de moins envolés dans des bouts de pierre improductifs. 25 milliards que les français pourraient utiliser pour de l ‘investissement ou de la consommation.
C’est quasiment autant que le coût annuel de l’immigration donné par plusieurs études sérieuses ! Pourtant il n’y pas de « FN anti immobilier »
Et avec -20%, ça ferait CHAQUE ANNÉE (et non une fois comme pour le « MIEL » préconisé par l’auteur de cet article) 50 MILLIARDS disponible. Et cela pendant 30 ans jusqu’à ce que, en moyenne, tout l’immobilier ait changé de mains, et qu’on ait donc purgé en entier cet excès d’argent bloqué dans de l’immobilier.
Pour tout vendeur il y a un acheteur; alors certes, à cause de cette baisse de l’immobilier le vendeur ne ferait peut être pas de plus-value, mais :
- soit la plus-value du vendeur est massivement réinvestie dans l’immobilier, donc cette perte d’argent n’est pas préjudiciable.
- Soit il s’agit d’un héritage, mais alors la perte de valeurs des héritages « investis » sur de l’immobilier n’est pas moralement gênante, car le défunt n’a pas participé à l’économie réelle
- L’acheteur ferait lui de jolies économies lui permettant de s’acheter une voiture, ou d’avoir 100 ou 200 euro à dépenser de plus chaque mois. Ou une maison plus grande. Ce qu’il faut éviter en partie car si la baisse des prix conduisait à trop d’augmentation de taille des maisons, l’utilité de cette baisse des prix immobiliers serait grandement diminuée.
C’est ce que beaucoup de jeunes gens ne comprennent d’ailleurs pas : il vaut mieux acheter une maison relativement petite, avec 3 chambres, quitte à déménager 6-10 ans plus tard lors du 3e enfant éventuel. Que de payer un remboursement trop élevé pour un hypothétique besoin de place dans 10 ans !! car les 200 euros par mois mis dans des m2 inutiles représentent alors 33 000 euros (intérêts y compris) au bout de 10 ans ! soit largement de quoi payer des frais de notaire, un déménagement et une petite voiture !
Les conclusions sont donc que, si au niveau national, faire dormir de l’argent dans l’immobilier est mauvais pour l’économie, il en va de même pour la micro économie familiale : n’achetez pas trop grand !
La France se distingue de ses voisins européens, et notamment de l’Allemagne, par le rejet systématique de toute “reconstruction” à l’identique de bâtiments anciens. Les conséquences de la Seconde guerre mondiale sur le patrimoine urbain ne furent certes pas les mêmes de part et d’autre du Rhin. Les cas des villes détruites du Havre, Brest ou Amiens, réédifiées sans prise en compte du passé architectural, permettent, quoi qu’il en soit, de mettre en valeur un étrange paradoxe français : la précocité de la protection patrimoniale des monuments a toujours coexisté avec des projet urbanistiques “iconoclastes”. La concomitance entre la destruction des Halles de Paris (cf. photo ci-contre en 1950) et la mise en place, consécutive aux “lois Malraux” de 1962 et 1968, de mesures favorisant la conservation du patrimoine architectural et historique est tout à fait symptomatique de ce point de vue.