M. Piotroski est célèbre pour sa méthode d’investissement.
En lisant beaucoup de forums, nous avons constaté que l’idée répandue est que telle stratégie (notamment Piotroski) bat le marché de x pourcents. Et on nous parle des 9 critères, et des « notes sur 9 » des actions.
Quelques remarques :
-
la mise à jour trimestrielle (pour les indicateurs) et mensuelle (pour le cours) doit être faite, parce que si on analyse par exemple Peugeot sur la base de sa perte de 2009, son score sera mauvais, mais si on compare 2010 à 2009 il va être très bon…
-
Certains disent que pour appliquer Piotroski, il faut d’abord ne garder que le top 20% des entreprises les plus sous côtées (via le ratio Price/ Sales qui mesure le ratio du cours par rapport à l’actif net de l’entreprise), puis ensuite garder « les meilleurs scores »… mais lesquels et avec quelle limite ?
En réalité, chacun devrait aller lire Piotroski dans le texte. On se rend compte que son discours est beaucoup moins simpliste et ouvert à interprétation. Dans les résultats, il oppose souvent les actions avec une note de 5 à 9, avec celles de 0 à 4.
Piotroski Value Investing : le PDF partiel – et la complète : Piotroski_Value Investing
Si on regarde le PDF :
-
Page 42, il compare le rendement à posteriori des actions qui avaient un mauvais (0 à 4) score par rapport aux bonnes (5 à 9). On voit que 18 années sur 21, les « bonnes » actions battent les mauvaises shortées, de jusqu’à 35%, d’ailleurs 2 des 3 défaites sont de moins de 1%. En moyenne, on fait 10.59% de mieux que le marché avec les « bonnes ». Les années de mini crash, on a quand même l’impression que Piotroski est inefficace, car la stratégie de « shorter » les mauvais est très mauvaise, ce qui laisse penser qu’en appliquant un « anti piotroski », on aurait gagné pas mal en 1983 ou en 1995. Quoi qu’il en soit, shorter les « mauvais » donne un rendement moyen quasi nul, il vaut donc mieux se concentrer sur les bons scores. Le 2e enseignement, c’est que une stratégie qui dure une année entière, c’est trop long.
-
Page 44 : seulement 44% des positions Piotroski vont battre le marché, d’où l’importance de diversifier.
-
Page 47 : maintenant , si on sélectionne les actions selon leur score, on voit qu’un score de 9 permet de battre l’indice de 15.89%, contre 11 à 13% pour les scores de 6 à 8. Ensuite le gain devient trop faible pour être intéressant. La conclusion est donc : oubliez totalement les actions avec une note de 4 ou -; les actions à 5, gardez les seulement si d’autres méthodes les notent très bien.
-
Page 48 : la règle est la même après 2 ans, mais là bizarrement les actions de note 8 sont meilleures que celles à 9.
-
Page 50 : choisir des petites sociétés est primordial. En divisant le marché en trois tiers selon le CA, on a les « small », « mid » et « big » caps. Et bien, une petite entreprise de note 4 va performer aussi bien qu’une grande de note 9 !! La conclusion est sans appel : oubliez les grosses (c’est aussi logique car elles versent des dividendes, donc si en plus elles croissaient ça serait l’eldorado), mais oubliez aussi les mids. Ne gardez des mids que si elles sont notées 8 ou 9, et des small à partir de 5 inclus. Mais bien sur, le mieux ce sont des « small » de note 6 à 9.
-
page 51 : si la valeur n’est pas suivie par des analystes, si le volume est faible, et si le prix n’est pas dans le tiers le plus haut, c’est encore un signal de bonne action.
-
Page 56 : avec une note de 6 à 9, on peut en moyenne espérer que le ROA (donc le bénèf si j’anticipe bien) va augmenter l’année suivante. Sinon il risque de diminuer.
-
page 57, on voit que quel que soit le F score, il est intéressant de posséder une action de J-1 à J+1 autour de la date d’annonce des résultats trimestriels, on empoche jusqu’à la moitié de la performance annuelle. Sur les mauvais scores, c’est même l’un des rares moments où on peut gagner de l’argent.
Une stratégie
De tout ce que nous venons d’extraire de ce PDF, nous en tirons une stratégie d’investissement qui est beaucoup plus complète.
Résumons la :
RÈGLE 1 : Ne garder que les sociétés notées 8 ou+
RÈGLE 2 : exceptionnellement, les sociétés dont le CA est dans le plus bas tiers du marché, peuvent être achetées si leur note est supérieure ou égale à 5.
RÈGLE 3 : acheter de préférence juste avant des résultats annuels ou trimestriels.
RÈGLE 4 : ne pas jouer sur des baisses (« PUT »), cela ne rapporte rien.
RÈGLE 5 : éviter les sociétés dont l’action côte plus de 40 euros (c’est à peu près le plus haut tiers pour une valeur de cours)
Voilà une bonne base. Nous allons enrichir ces règles dans un prochain article, grâce à une étude pratique d’un portefeuille « Piotroski » constitué en 2010. Nous sommes en route pour battre le marché de 10% chaque année !