Suite aux nombreuses attaques récentes du parti socialiste contre la famille, que ce soit sur son modèle traditionnel, ou sur ses ressources, nous avons souhaité écrire cet article, certes engagé politiquement, mais pourtant entièrement factuel. En effet, à entendre tous les tenants de la politique anti-nataliste, les célibataires se feraient spolier d’impôts, et les « riches » qui touchent des allocations familiales seraient des profiteurs.
De plus, de nombreux partisans du FN et d’autres libéraux, soutiennent que les « pauvres » font plein d’enfants pour s’enrichir via les allocations familiales..
Il est temps de remettre les pendules à l’heure.
Les chiffres globaux
D’abord sur les montants globaux de cette redistribution (ce sont des ordres de grandeur et non des chiffres exacts) :
- PIB de la France : 2000 milliards
- Argent transitant par l’état : 1000 milliards
- Dépenses de santé (sécurité sociale) : 300 milliards
- Dépenses familiales (allocs réelles) : 11 milliards
Attention, le chiffre réel du montant des « allocs » ne doit pas être confondu avec le budget global de la « branche famille » de la sécurité sociale. En effet cette branche contient des APL, des allocations aux pauvres ou aux handicapés, bref, toutes sortes de choses qui n’ont rien à voir avec le nombre d’enfants, mais plutôt avec les ressources ou les accidents de la vie.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la politique familiale de la France ne coûte pas grand chose, et son efficacité est indubitable : meilleure natalité d’Europe, avec l’Irlande, et cela loin devant d’autres pays. Certes, elle tient tout autant à la politique « péri familiale » de la France : l’ouverture de crèches et de maternelles notamment, qui permettent aux femmes de concilier leur statut de mère et leur envie de reprendre le travail.
La philosophie familiale
Il est important de comprendre la philosophie qui a présidé à la création des allocations familiales au sortir de la guerre. Il y avait d’abord un contexte, une suite de guerres et de baisse de natalité, qui faisait que la population de la France stagnait depuis 70 ans. La philosophie était donc qu’une nation saine doit avoir une natalité égale au moins à 2 enfants par femme, et que pour cela il faut aider les familles ayant des enfants.
En effet, avoir des enfants a un coût. La philosophie du rôle social de l’état nous enseigne que ce rôle est avant tout la justice : on cotise d’un côté pour la « sécurité sociale », et d’un autre côté, ceux qui ont besoin, reçoivent. C’est une notion moderne. Malgré tout les racontars répandus sur l’Église catholique, avant le 20e siècle, elle était la seule institution à se soucier des handicapés, des malades et des enfants. Si l’état franc-maçon s’y est mis, c’est uniquement pour reprendre en main ces secteurs et y imposer ses « valeurs », et non par charité. Mais bref, le concept d' »État Providence » plaît beaucoup aux français au sortir de la guerre. Cet état providence suppose que outre le handicap, la maladie et les enfants, le chômage et la retraite soient aussi mutualisés. Bien sur, au contraire des autres composantes de la sécu, avoir des enfants n’est pas une tare ni une maladie, mais c’est un acte éminemment social (assurer la reproduction de l’espèce) et qui coûte très cher. Voilà pourquoi il a semblé normal à tous qu’il fasse partie de la sécu, c’est à dire :
- Une famille qui a un enfant (on peut remplacer par maladie, retraite, etc..) ne sera pas pénalisée financièrement.
Les conséquences de cette philosophie
La première conséquence est que cette « solidarité » se fait sans tenir compte des ressources. C’est cela que les socialistes ont remis en question en réduisant les allocs pour les « riches » en 2015. Or, comme toute assurance, la sécu fait cotiser tout le monde. Mais l’état l’a rendue obligatoire. Non seulement tout le monde cotise, mais en plus, il s’agit de taux de cotisation, proportionnel au salaire. Cela signifie que les « riches » cotisent plus que les « pauvres ».
Or, auparavant, tout le monde touchait autant. Les « riches » étaient déjà pénalisés. Avec cette « réforme », l’égalité de tous devant l’assurance est doublement rompue : non seulement on discrimine les primes selon le salaire, mais en plus, on discrimine lors du versement.
Imaginez un monde où l’assurance automobile serait socialiste. Les « pauvres » payeraient l’assurance de leur Clio à 200 euros par an. Les « riches » payeraient 1500 euros par an pour la leur et en plus, il ne toucheraient que la moitié de la valeur de la voiture en cas de vol ou d’incendie. Vous trouveriez cela normal ? Nous non. Il ne faut pas mélanger la redistribution pour la pauvreté, qui doit être faite par l’impôt sur le revenu, et les assurances, qui elles, doivent être par définition égalitaires.
Même la définition de l’INSEE compte en « unités » avec 1 pour la première personne dans un foyer, 0,5 pour la seconde, et ensuite 0,3; avec ce calcul, une famille avec deux enfants est estimée avoir 2,1x les dépenses d’un célibataire. Avec 3000 euros par mois, la famille est donc, en niveau de vie, plus pauvre que le célibataire à 1500 euros.
L’impact social des enfants
Les enfants sont un coût pour les familles, et aussi pour l’état : il est évident que l’entretien des écoles, des crèches, universités.. a un coût. Faut-il le compter comme un « cadeau » fait aux familles ? Pas du tout, car elles ne touchent pas cet argent, et ces équipements sont nécessaires à la survie du pays, donc encore plus nécessaires que les infrastructures, les routes, les hôpitaux ou les gares.
Qui, plus tard, va payer les retraites des personnes n’ayant pas eu d’enfant ? Les enfants que ces égoïstes conspuent actuellement. En effet, la chaîne de Ponzi française de « retraite par répartition » impose que les nouveaux entrants payent les retraites des générations passées. Les divers rapports du COR (Conseil d’Orientation des Retraites) plaident pour que, vu notre démographie actuelle, le temps de retraite soit à peu près la moitié du temps travaillé, en année. Cela divise grosso modo la vie en quatre phases pour les jeunes d’aujourd’hui : l’enfance de 0 à 22 ans, les vies actives de 22 à 66 ans, et la retraite de 66 à 88 ans. On remarque la symétrie entre jeunesse et vieillesse, qui permet une nouvelle fois d’évacuer l’argument « l’état paye pour les écoles » : oui, mais il paye aussi pour les hôpitaux des vieux sans-enfants.
En clair, ne pas aider les familles à élever les enfants, c’est privatiser les dépenses, et nationaliser les revenus (les futurs fruits de leurs cotisations sociales, qui seront reversées à tous)
Si on compare une personne sans enfant, dont les non enfants ne payeront aucune retraite, et un couple avec deux enfants :
- le couple va travailler 88 ans, et donc fournir 44 ans ans de retraites. Avec un taux de reversion de 67%, cela représente 30 ans de travail, ou encore 33% de la vie d’un couple de cotisants.
- On en déduit que le sans-enfant a « piqué » ces 33% de revenus de retraite sur le dos des enfants des autres
- Dit autrement, une taxe permanente de 25% du revenu total du célibataire (33/133) serait juste, par rapport au couple avec enfants.
L’état actuel de la politique familiale
Actuellement, pour un couple « moyen » qui gagne 3000 euros et a deux enfants, ses enfants vont lui coûter quelque chose comme 600 euros par mois entre besoin de voiture plus grosse, nourriture, vêtements, besoin de maison plus grande, poussette, école ou université payante..
Ce n’est pas avec ses maigres allocs qu’il va s’enrichir. Le constat est le même pour le « riche ».
Même avec la demi part de réduction sur les impôts, ça ne va pas chercher loin. Des « riches » (selon les socialistes) qui gagnent 6000 euros par mois, vont bénéficier de leur deux demi-parts de réduction d’impôts, soit 2x plafonnement à 1500 euros = 3000 euros. Soit 250 euros par mois. Ils perdent toujours de l’argent.
Par contre, et c’est là le paradoxe du socialisme, les inactifs, eux, ont tendance à gagner de l’argent net (en comptant leurs dépenses), car ils touchent en plus toute sortes de primes sous condition de ressource : allocation de rentrée scolaire, primes lors des 3 premières années des enfants, etc..
Dans tous les cas, cet argent perdu, gagné, ou versé en allocation, se chiffre en quelques centaines d’euros par mois, moins de 500 : on reste très loin de l’ordre de grandeur calculé plus haut : celui d’un reversement de 25% de l’argent des célibataires vers les couples avec enfants. Ce reversement serait juste, et représenterait : 750 euros par mois pour les célibataires à revenus « moyens », 1500 euros par mois pour les riches. Et encore : dans ce calcul, on ne tient pas compte des « surcotisations » des riches…
Cela signifie qu’actuellement :
- les sans-enfants (environ 10% des gens) sont favorisés beaucoup
- les gens inactifs avec enfants (20%), sont favorisés un peu (ils gagnent un peu, et ne perdent rien avec l’histoire des retraites, car ils cotisent que dalle sur leur travail)
- les smicards et pauvres avec enfants (20%) sont à un état à peu près neutre
- Les non-pauvres avec enfants (50%: 40 de moyens et 10 de « riches ») financent les deux premières catégories
- Parmi ces 50%, les « riches » (10%) perdent plus que les autres en valeur absolue, car eux et leurs enfants vont cotiser beaucoup plus. Cependant en valeur relative (pourcentage), c’est similaire aux moyens.
Tout le reste, toutes les déclarations des célibataires, smicards, ou autres lobbys de minorités qui dénoncent comme quoi ils payent pour les envies d’enfants des autres, c’est du vent, du flan, des assertions que nous venons de démonter ici par nos chiffres.
Après, bien sur, ils peut se trouver des gens intellectuellement malhonnêtes, qui vont justifier de spolier les familles. Nul doute que si chacun avait conscience des ordres de grandeurs exposés ici, même s’ils étaient des communistes convaincus, ils iraient d’abord s’attaquer aux privilèges des multinationales pharmaceutiques.
Bien entendu, ne comptez pas sur les politiques de tout bord pour expliquer cela convenablement. Il est tellement plus pratique de monter les gens les uns contre les autres, en accusant le chômeur, le riche ou l’immigré.
Article très intéressant et très original.
Je fais parti de la première catégorie (des favorisés « beaucoup »). Je me pose d’ailleurs des questions pour me diriger vers le haut de la catégorie très justement appelée « non pauvre ».
Par rapport à l’avantage d’être sans enfant, il néglige cependant le coût « émotionnel ». Combien de parents regrettent (vraiment) d’avoir des enfants ? Autrement dit, avoir des enfants peut devenir un besoin. Or, satisfaire à ses besoins (manger, boire, se vêtir, dormir, etc) a un coût. Il est donc normal de payer. De plus, je ne compte pas non plus de l’aide que peuvent fournir des enfants (non ingrats) à leurs parents une fois âgés et dépendants. Je le constate à titre personnel. Si je ne prenait pas les choses en main pour ma mère âgée et en grande perte d’autonomie, elle finirait sa vie dans la misère. Ce n’est qu’un exemple évidemment. Mais cela prouve bien qu’il faut compter cela dans « le coût » global des enfants.
Le titre de l’article plus que douteux, en fait choquant mais ne surprend pas outre mesure étant donné le nom du site dédiés aux obsessionnels de la rentabilité.
J’appartiens à la catégorie que vous supposez « beaucoup’ avantagée.
Puisque vous aimez les chiffres supposément objectifs, vous voudrez bien prendre en compte ceux-ci : Les Solos représentent 14% de la population, constituent 25% des contribuables et fournissent 35% de l’impôt sur le revenu. Par ailleurs, une personne solo ne touche AUCUNE prestation sociale, pas même pour le logement pour peu que son revenu excède 1000€ net par mois. Le SMIC mensuel net temps plein étant d’environ 1136€ en 2015, on voit aisément que les personnes solos sont de super-contributeurs, jamais bénéficiaires. La seule situation où une personne solo perçoit de l’argent public est le RSA.